Résumé :
Lona Steelrose n'a peut-être pas le talent de sa mère pour le catch, mais elle a hérité de son énergie. Malgré la réticence des entraîneurs à lui donner sa chance, et la désapprobation de son père qui considère cette carrière trop dangereuse, Lona parviendra-t-elle à reprendre le flambeau de la légendaire Yua Steelrose ? Si le combat semble perdu d'avance, son destin bascule quand elle croise le chemin d'un étrange nécromancien qui lui propose un pacte d'un autre monde…
Critique :
Daniel Warren Johnson est un auteur décidément doué pour nous parler de thématiques profondément humaines dans des histoires aux proportions cosmiques et à l'action frénétique. Une gestion parfaite de ce qu'on appelle communément le « what the fuck », toujours en veillant à garder un pied sur terre pour ne jamais perdre de vue ce qu'il souhaite raconter.
Dans « Do a Powerbomb » il fait dès le début vivre à son personnage principal ce qui est certainement la pire épreuve pour une jeune personne en la faisant assister à un accident tragique impliquant sa mère en plein combat de catch. Comme ses personnages habituels sa Lona a fort caractère et, profitant aussi d'une avancée de quelques années, plutôt que de la voir s'apitoyer on la verra se battre, littéralement, pour surmonter sa douleur…quitte à refuser de lui faire face et d'accepter. C'est alors qu'entre en jeu un nécromancien qui va lui faire miroiter le prix le plus fantastique qui soit si elle décroche la victoire à rien de moins qu'un tournoi de catch inter dimensionnel en équipe.
Elle s'associera alors à un allié inattendu, la personne à la racine de sa peine ayant lui aussi ses raisons de partager l'objectif de Lona. Et comme c'est le cas dans notre catch, il n'y a pas vraiment de gentil et de méchant : ça reste en grande partie de l'acting et des cascades dangereuses, et Lona est assez intelligente pour en avoir conscience ce qui évite quelques poncifs et permet de rentrer rapidement dans le fond du sujet sans s'attarder sur des conflits déjà-vus.
De même, si les équipes concurrentes sont déterminées et peuvent s'avérer extrêmement violentes (les combats étant totalement réels dans certaines dimensions) on nous rappelle régulièrement qu'elles aussi ont été appâtées par la même promesse du nécromancien, nous permettant de construire une empathie dans des situations où le plus pur manichéisme semblait acquis.
De fait, si nos combats terriens sont généralement truqués, l'auteur lui ne triche à aucun moment avec l'émotionnel en nous livrant des moments vrais et touchant à un rythme savamment équilibré avec l'action. Le récit est ponctué de plusieurs surprises venant sans cesse changer notre perspective sur ce qu'on est en train de lire, ou transformant les challenges et refocalisant finement les enjeux émotionnels jusqu'au dernier moment, et quel dernier moment :').
Quant aux dessins ils sont – comme à l'habitude de Daniel Warren Johnson – tout à fait sensationnels !
L'artiste nous a habitué dans d'autres œuvres à créer des scènes de rixes jouant sur les différences de gabarit des participants, y insérant déjà des prises de catch (et il se lâche aussi sur certaines commissions). On peut dire qu'il s'est créé ici le terrain de jeu idéal, le ring opérant comme un parfait bac à sable pour qu'il puisse s'amuser, exprimer ses idées de mise en scène les plus folles autour de ce milieu, et nous montrer des personnages hauts en couleur dans tout un tas de poses. C'est dans ce genre d'œuvre que ce medium qu'est la bande dessinée démontre tout ce qu'elle peut proposer en terme d'iconisation de personnages et d'instants.
Bien sur, le tout est accompagné de ses onomatopées omniprésentes, qui traversent les cases et nous font ressentir la clameur des spectateurs, l'ambiance des gradins qui entourent le ring avec ses spots et autres effets scénographiques, et toute la puissance des coups donnés par ces combattants fantastiques.
À ce sujet il est d'autant plus dommage que le format relié (en plus de craquer comme si le livre souffrait d'arthrose) casse totalement l'effet attendu sur certaines doubles planches à cause du creux formé par la jointure des pages.
Conclusion :
Comme sur « Murder Falcon » avant lui, Daniel Warren Johnson prend un sujet qui ne me parle à priori pas énormément et l'utilise pour traiter un sujet de fond intime et triste (une autre facette du deuil) sans pousser au larmoiement forcé, préférant les cordes d'un ring de catch à celles des violons, dans une aventure follement épique faisant passer le lecteur par milles émotions entre deux Lariats.
Fabien.
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