Être un petit éditeur de comics n'est pas une chose aisée surtout quand deux ogres tels que Marvel et DC comics représentent la plus grosse part de marché. Mais pendant que ces deux géants se livrent une bataille acharnée, de petits éditeurs tentent de ramasser les miettes.
Valiant comics fait partie de ces petits éditeurs indépendants et valeureux qui s'efforcent de proposer un contenu varié de grande qualité et qui surtout n'entre pas en concurrence directe avec les productions des deux géants. Mais l'histoire de Valiant n'a pas été un long fleuve tranquille, bien loin de là.
1989 : LES DÉBUTS
C'est en 1989 que tout commence, Jim Shooter, alors directeur de la rédaction de Marvel tente de racheter la société mais n'y parvient pas et quitte la société. C'est à alors qu'avec d'autres investisseurs (Ronald Perelman, Steven Massarsky) il convainc une société de capital risque d'accepter d'investir dans le lancement d'une nouvelle société d'édition. Valiant Comics est née !
Jim Shooter achète alors les droits de personnage détenus par Gold Key Comics et engage de nouveaux dessinateurs. Mais cela ne suffit pas à garantir des revenus suffisants et nécessaires à la vie du jeune éditeur. Un contrat est alors passé avec Nintendo dans le but de réaliser des adaptations de jeux vidéo en comics (2 Super Mario) mais c'est un échec cuisant puisque ni les joueurs ni les lecteurs de comics n'achètent ces adaptations malgré la participation de Steve Ditko et Joe Quesada au projet.
En 1991 Valiant Comics prend son envol grâce aux publications de "Magnus, Robot Fighter", scénarisé par Jim Shooter et dessinés par Art Nichols et Bob Layton, ainsi que "Solar, Man of the Atom" qui sont deux reprises d'anciennes séries publiées dans les années 1960 par Gold Key comics. Les ventes progressent mais pas encore assez pour que la société soit stable. Décision est alors prise de proposer des coupons permettant de recevoir des tomes 0 introuvables dans le commerce dans chacun des comics proposés à la vente.
Pour continuer de conforter un lectorat grandissant, de nouvelles séries originales voient le jour (Harbinger, X-O Manowar et Shadowman) et offrent les premiers véritables succès de la jeune maison d'édition !
Forte de ces réussites, Valiant propose en 1992, son premier "crossover" nommé "Unity" développé en 8 numéros dont le premier (Numéro 0) sera proposé gratuitement dans le but d'attirer les lecteurs et les motiver à continuer l'histoire. La technique fonctionne parfaitement puisque pas moins de 150 000 unités par épisodes sont vendues.
1993 : LA CONSÉCRATION
Grâce à ces succès répétés, Valiant fait enfin partie des éditeurs reconnus, mais cela ne suffit pas à combler les dettes de la maison d'édition et Jim Shooter le créateur quitte la société en compagnie de ses plus proches collaborateurs pour fonder "Defiant Comics" qui sera d'ailleurs un véritable flop. De nombreux dessinateurs emblématiques partiront également préférant d'autres horizons, mais cela n'affecte pas les ventes bien au contraire. En effet au courant de l'année 1993, Valiant devient le troisième éditeur de comics en lieu et place de Dark Horse Comics et parvient enfin à combler ses dettes. Cette santé financière permet à Valiant comics d'étoffer son staff qui s'efforce d'assurer la continuité avec les comics proposée par Jim Shooter à l'époque.
1994 : LE DÉBUT DE LA FIN
Avant 1994, les éditeurs ont vu arriver une bulle spéculative toucher les comics et ont surfé dessus allègrement et Valiant tout particulièrement. C'est d'ailleurs une cause majeure de son maintien à la troisième place des éditeurs.
A cette époque, de nombreuses personnes font le pari de revendre des numéros marquants (numéro 1, événements, etc.) à des montants plus élevés en s'appuyant sur des prix de revente exceptionnels passés, mais sans se rendre compte que la rareté de l'offre expliquait le prix élevé. Or en ce milieu des années 1990, la multiplication des offres rend caduque toute espérance de profit significatif et lorsque les vendeurs comprennent qu'un numéro de comics vendu à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires ne peut rapidement procurer une plus-value, ils abandonnent le marché. C'est une catastrophe pour l'ensemble des maisons d'édition et les petits comme les géants risquent ni plus ni moins que la faillite. Les ventes de Valiant s'écroulent et Acclaim Entertainment (une société spécialisée dans les jeux vidéos) rachète la société. Valiant devient alors Acclaim Comics.
Plusieurs tentatives pour récupérer les lecteurs sont alors entreprises mais aucune ne fonctionne. En 1997, les comics se vendent en moyenne à 12 000 exemplaires alors qu'à son apogée Valiant mettait en en vente plus d'1 500 000 d'exemplaires de Turok : Dinosaur Hunter.
Après un changement d'équipe puis de responsable éditorial, rien ne change et la production de comics est stoppée en 1999 et les droits des personnages sont vendus en 2004.
2007/ 2012 : LA RENAISSANCE
En 2007 est créée Valiant Entertainment qui rachète les droits de l'ensemble des personnages de Valiant Comics, mais ce n'est qu'en 2012 que de nouveaux comics sont publiés (X-O Manowar, Harbinger, Bloodshot et Archer & Armstrong). De nombreux fans des premiers jours attendaient de pied ferme ce retour et ont constitué dès le départ un lectorat solide permettant à cette renaissance de fonctionner et de rencontrer à nouveau le succès.
En 2014 DMG Entertainment prend des participations dans Valiant Entertainment dans le but de produire des films.
De 2012 à 2018 tout se passe bien dans le meilleur des mondes, les comics cartonnent et glanent de nombreux lecteurs mais les projets cinématographiques prennent un retard fou.
2018/ 2021 : LE BOULVERSEMENT
En 2018 DMG en a marre d'attendre et prend possession de Valiant à 100% et remercie Dinesh Shamdasani sur le champ, accusé d'avoir fait prendre du retard dans les projets d'adaptation.
En 2020 l'heure de sortir le premier film du futur Valiant Cinematic Universe est enfin arrivé mais la sortie se fait alors que le monde entier se confine (les cinémas du monde entier ferment) pour lutter contre le Covid-19. Pour limiter la casse, Sony le rend disponible en VOD et sur Amazon Prime pendant le confinement. Les résultats en VOD au niveau mondial permettent de sauver les meubles et de convaincre le studio de signer pour un deuxième opus en espérant le voir sortir dans de bonnes conditions.
En parallèle la Paramount semble toujours œuvrer sur son Harbinger même si au moment où j'écris ces lignes ( fin Juillet 2021) rien de concret n'a été annoncé ou fuité.
Thomas.
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