Résumé :
Meru Marlow se réveille dans son appartement. Elle allume la télévision, on y passe un documentaire sur les passagers du mystérieux vol 815. Ça lui donne une idée pour son prochain livre. Elle se lance sur les traces laissées par l’unique passager manquant à la descente de l’appareil, le mystérieux Henry Lyme. Ses investigations la conduisent bientôt sur la piste d’une organisation secrète opérant grâce à des agents dotés de pouvoirs de manipulation psychique, le MIND MANAGEMENT. Indice après indice, rebondissement après rebondissement, elle comprend que son implication dans le MIND MANAGEMENT est bien plus importante qu’elle ne l’a imaginé.
Critique :
Portée exclusivement par un artiste bien connu des lecteurs de l’univers Valiant, Mind MGMT constitue une petite curiosité dans le vaste monde du comics. Dessiné et scénarisé par Matt Kindt, ce premier tome pose les bases d’un univers développé sur une trilogie complète : profitant d’une forme particulièrement mystérieuse, semblable à un vaste dossier d’investigation, le récit s'imprègne de cette ambiance digne d’un vieux polar tant crasseux que paranoïaque.
L’histoire suit un personnage énigmatique menant une enquête sur une amnésie collective qui l’amène, au cours du récit, à découvrir les vérités cachées de ce monde… Entre authentiques complots et simples paranoïas, le tome balade son lecteur de droite à gauche en réussissant la prouesse de vite le rendre proche du personnage principal : les révélations se bousculent, prennent une direction avant de rebattre toutes les cartes, le lecteur n’en sachant (d’une certaine façon) jamais plus que ce que la jeune Meru Marlow.
L’intrigue est très intense tandis que Matt Kindt maîtrise la science du rythme à la perfection : twists et rebondissements sont omniprésents, toujours avec une efficacité incomparable, bien que les premières pages puissent désorienter le lecteur du fait d'une exposition volontairement floue. Le scénariste atteint son objectif en construisant une histoire qui dénonce la manipulation de masse et de l’information en faisant douter le lecteur (et le personnage) de tout et de tous. Les pistes de lecture sont multiples, renforçant une certaine confusion. À noter que, s’il traite d’êtres surhumains dotés de pouvoirs, le récit se détache complètement des grands classiques du genre et fait une bonne utilisation des capacités mentales de chaque personnage, parvenant à créer certains pouvoirs rarement vus.
Très dense, l'œuvre n’est pas toujours la plus facile à appréhender visuellement. Le trait de Kindt est aussi particulier que reconnaissable, risquant très vite de laisser un lecteur non réceptif sur le bord de la route… Malgré leur caractère très brut, les planches ne manquent néanmoins pas de personnalité et d’intelligence, construite avec une justesse et une réflexion indéniables. On pourrait reprocher le manque criant de détails (et, par conséquent, d’émotions) insufflés aux personnages mais les planches sont tout de même brillamment découpées, de sorte à renforcer un peu plus le rythme effréné imposé par le propos. Chaque page regorge d’informations, les marges étant comblées de toute part : il convient alors au lecteur de juger de la pertinence de chaque information.
En d’autres termes, Mind MGMT n’est pas de ces œuvres qui prennent leur lecteur par la main, préférant le pousser à faire ses recherches et mener sa propre enquête… à l’image du personnage. Outre cet aspect graphique plutôt rude, l’ouvrage regorge de trouvailles visuelles marquant un peu plus la singularité de celui-ci : tout y est passionnant à contempler, des dossiers construisant de petites histoires parallèles (qui trouvent ou trouveront leur sens au fur et à mesure que l’Histoire avance) en passant par les détails disséminés sur chaque planche qui donnent une impression de vécu et de réel. Enfin, la coloration (semble-t-il) en aquarelle apporte une originalité un peu déconcertante, dans la lignée du dessin, d’autant que l’impression un peu de cette édition semble ne pas lui rendre totalement hommage…
Nonobstant, malgré un rythme impeccable, une intelligence notable, un style graphique singulier et une certaine fraîcheur, le tome manque de la petite étincelle qui en ferait un incontournable…
Conclusion :
La lecture n’est pas désagréable, si tant est que l’on passe outre la barrière de l’originalité des dessins, mais pose question : où compte aller Kindt avec cette trilogie et réussira-t-il à trouver l'étincelle manquante de ce tome ? Une chose est sûre, l’artiste très complet qu’est Matt Kindt réussit tout de même à attirer la curiosité et à donner envie de découvrir la suite…
Valentin
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