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Photo du rédacteurFabien

Slum Kids - Tome 1

Dernière mise à jour : 20 mars




  • Résumé :

Dans un monde où l'environnement est une décharge à ciel ouvert et l'horizon n'est que détritus à perte de vue, chacun survit en choisissant ou non de laisser libre court à ses plus bas instincts. Au cœur de la violence, de la drogue et de la corruption en tout genre, les enfants sont livrés à eux-mêmes et doivent survivre par tous les moyens, même les plus brutaux. Eingyi, Bambi et Lombric, gamins désœuvrés comme tant d'autres, font les frais chaque jour de cet univers à la dérive, tout en rendant les coups. Le plus faible de la bande, de plus en plus pris injustement à parti par les bandes rivales, attirera autour de lui une escalade de violence et de vengeance qui amènera nos jeunes héros vers des péripéties les dépassant, et les forçant à remettre à plus tard leur rêve d'une vie meilleure.


  • Critique :

Avant de devenir une BD à part entière, Slum Kids (titre tiré du nom qu'on donne à des vrais enfants vivant dans des bidonvilles/décharges chose qui, oui malheureusement, existe dans notre monde) faisait partie du trio de one shots du second volume de Lowreader.

J'avais beaucoup apprécié cette proposition dure mais aux dessins colorés et rond, qui se permettait une incursion dans le presque-surnaturel avant de nous ramener de manière violente et crue à la réalité par une astuce scénaristique des plus simples mais permettant de jolies folies visuelles. De plus – comme habituellement avec ce format – les notes accompagnant cette courte histoire nous permettait de nous plonger dans le contexte de ces gamins vivant comme ils le peuvent dans une immense décharge.

Toutefois lors de l'annonce je me demandais ce que l'auteur souhaitait nous raconter pour justifier de prolonger cet univers dans une série à part entière.


Dans Lowreader on suivait un seul enfant dans ses tâches quotidiennes, petit caïd en devenir au sein d'un réseau de distribution de drogues.

Dans ce nouveau pan de l'univers Slum Kids, on suit un trio d'enfants soudés comme une vraie famille rêvant de se sortir de leur environnement pour un monde plus doux et confortable, ainsi que sa contrepartie avec un trio rival, sorte de version côté obscur mais qui pourrait être plus nuancée qu'il n'y parait.


L'introduction devrait directement mettre le lecteur en rage, lui donner au lecteur l'envie d'intervenir. Un démarrage coup de poing permettant de s'investir rapidement dans ce (peut-être trop court) récit dont l'un des thèmes centraux est le cycle de la vengeance perpétré entre autres par la rage aveugle et le manque de compréhension.

Dans la première partie, on alterne entre des moments violents et d'autres assez doux et contemplatifs, des parties plus calmes où les personnages se prennent à rêver d'un avenir meilleur. Une jolie maîtrise de ce qui a fait plusieurs fois la recette de belles BD au sein du Label 619 et qui fait dire qu'avant de faire partie de ses membres, Petit Rapace (Simon Thuillier de son vrai nom) en était surement avant tout un grand fan.


J'ai toutefois été moins convaincu à partir d'un événement traumatisant vers le milieu de l'œuvre. À priori il fait basculer le l'histoire dans une noirceur psychologique plus intense et intéressante à explorer, mais très rapidement un twist nous plonge dans un genre bien différent, moins "terre-à-terre" auquel je ne m'attendais pas.

Si sur le fond le traitement induit pas cette notion de "mort qui hante les survivants" n'est absolument pas mauvais, la manière de faire pousse tellement loin dans son concept qu'au final le fond a un peu perdu, pour moi, de son impact émotionnel.

Le tout est cependant rattrapé par une très belle fin, assez glaçante qui renoue avec le propos et permet d'apporter une vraie conclusion là où une fin ouverte se profilait pourtant.

Et donc encore une fois je suis curieux de voir ce que Petit Rapace va trouver à nous raconter dans la suite avec ce qui a été posé (et globalement conclu) ici, puisqu'on sait que nous avons ici uniquement le début d'une série. À moins qu'il ne s'agisse d'une anthologie.


J'ajouterai aussi qu'il m'a manqué d'un peu de détails ou de contexte sur le monde dans lequel évolue les personnages et l'ancrer dans la réalité, car il n'y a pas de notes comme dans le Lowreader et on se concentre beaucoup sur les personnages et pas tant sur ce qui les entoure, donnant l'impression qu'on pourrait être par exemple dans un environnement post-apocalyptique pour raconter tout à fait la même chose.

Peut-être en fait que l'œuvre aurait pu être un peu plus longue pour ajouter des scènes permettant de souder encore plus le trio et de raconter son monde.



Au niveau des dessins, on retrouve le style qui me rappelait certains dessins animés américains modernes, tout en rondeur avec des couleurs souvent douces mais marquées, à l'opposé du propos.

Comme pour ce que fait Guillaume Singelin (mais ici encore plus prononcé) ou bien dans une moindre mesure ce qu'on peut trouver dans Mutafukaz (y compris 1886), le style de Petit Rapace permet de rendre un peu moins insoutenable la violence du monde présenté tout en nous faisant clairement passer les émotions recherchées.

Sur sa dernière partie il utilise le changement de ton évoqué plus haut pour nous servir des planches dans lesquels ont sent qu'il se donne à fond pour matérialiser ses concepts et nous livrer une expérience visuelle vraiment prenante voire démentielle (que j'ai vu plusieurs fois comparé à Akira, manga auquel je n'ai jamais réussi à vraiment accrocher, expliquant peut-être mon investissement moindre à ce moment de l'histoire).

J'ai par contre eu du mal à comprendre pourquoi à certains moments les extrémités de membres sont détaillées et parfois sont montrés comme des moignons (surtout quand certains personnages ont de vrais moignons, c'est confusant). À part ça ce détail c'est vraiment du tout bon.


  • Conclusion :

Même si je n'ai pas été tout à fait convaincu par le changement ton au milieu du récit on sent que l'auteur s'est éclaté à mettre en scène cette partie, et au global c'est une très solide et sincère première BD qui nous est livrée par Simon Thuillier.

Le Petit Rapace semble encore un peu sous l'aile des grands du Label 619, mais peu de doute que lorsque ses ailes seront pleinement déployées son envolée se fera majestueuse.


Fabien.

 

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