Tome 1 :
Résumé :
Pour recevoir, il faut d'abord donner...Après le meurtre brutal de son frère et de sa belle-soeur, Chase Blaine récupère la garde de ses deux neveux MacKenzie et Zach, qu'il connaît à peine. Ensemble, ils partent vivre dans sa maison d'enfance, pensant y trouver le foyer idéal pour se reconstruire. Mais l'antique demeure familiale et les marais qui l'entourent recèlent de sombres secrets qui ne demandent qu'à les engloutir...
Critique :
Si vous êtes un lecteur plus ou moins assidu de comics et qu’on vous parle d’une famille qui, suite à un décès, emménage dans une grande maison pleine de secret, il y’a de fortes chances que Locke & Key vous vienne en tête et vous auriez raison. C’est vrai que le résumé peut très facilement faire penser à la série de Joe Hill et faire craindre une pâle copie mais il n’en est rien.
Alors certes l’impulsion et la maison sont deux éléments très semblables mais en fait ce sont les seuls. Très vite, on se rend compte qu'un étrange mystère plane sur cette famille et cela semble durer depuis plusieurs générations. D’étranges monstres semblent habiter les marais entourant la maison même si on ne sait pas vraiment si leur apparition relève plus de la vision ou de la réalité tout comme l’apparition répétée de différents cadavres. En tout cas leurs apparitions semblent affecter les victimes physiquement mais les personnes autour ne semblent pas être en mesure de les voir et c’est là à mon sens la force du titre : la frontière entre imagination et réalité est totalement floue, ce qui rend ce titre assez déroutant et intriguant.
Le scénario ne révolutionne rien en soi mais le récit est tellement efficace que le lecteur est assez rapidement happé par l’intrigue.
Cela ne m'arrive que très rarement, mais j'aurais largement préféré lire ce récit en un seul gros tome plutôt qu'en deux car j'étais vraiment plongé dans l'ambiance et la fin du tome m'a coupé net, là où une intégrale m'aurait permis de rester immergé et de vraiment profiter. Je me suis senti frustré et rien ne me garanti que je parviendrais à me replonger autant dans le récit au moment de lire le tome deux et c'est dommage.
La partie n’est pas en reste puisqu’après Shangai red où Joshua Hixson nous offrait des planches à dominante rouge, ici il passe au vert et nous offre des pages particulièrement efficaces qui viennent amplifier l’ambiance très glauque (voir nauséabonde) du récit.
Conclusion :
The plot ne révolutionne pas le genre horrifique mais la construction de son récit et son intrigue sont assez efficaces pour embarquer le lecteur. En tout cas pour ma part j’ai pour la première fois vraiment trouvé l’aspect horrifique d’un comics.
Thomas.
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Tome 2 :
Résumé :
Après le meurtre brutal de son frère et de sa belle-sœur, Chase Blaine récupère la garde de ses deux neveux, MacKenzie et Zach, qu'il connait à peine.
Ensemble, ils partent vivre dans sa maison d'enfance de Cape Augusta, pensant y trouver le foyer idéal pour se reconstruire.
Mais l'antique demeure familiale et les marais qui l'entourent recèlent de sombres secrets qui ne demandent qu'à les engloutir...
Préambule :
Cette critique traite à la fois des tomes 1 et 2 de The Plot, soit l'intégralité de la série.
Pour un autre avis sur le tome 1 je vous invite à lire aussi la critique de Thomas : https://www.indeeslesbulles.fr/post/the-plot-tome-1
Critique :
Est-ce que l'horreur existe en comics ? Si le sujet ressurgit parfois je pense que c'est beaucoup lié à l'idée qu'on peut se faire de l'horreur, souvent associée à l'épouvante. Or la bande dessinée en ajoutant des images – et quand bien même si celles-ci peuvent être marquantes – perd de l'effet de suggestion des romans sans pour autant profiter des sons, des mouvements et du timing du cinéma.
Si vous cherchez les purs sursauts de frayeur vous aurez donc certainement du mal à trouver satisfaction dans ce medium.
Mais l'horreur peut aussi être psychologique et se mettre au service de l'exploration de l'intime : une horreur qui ne nécessite pas de jump scare pour fonctionner, celle qui nous met face aux tourments des personnages en matérialisant leurs défauts et leurs problèmes sous une forme plus ou moins monstrueuse.
C'est généralement ma forme d'horreur préférée, et c'est pour ça que j'ai aimé The Plot.
L'histoire s'ouvre par des mots qui jalonneront le récit "Pour recevoir il faut d'abord donner", sonnant à la fois comme un conseil de vie bienveillant et un avertissement menaçant.S'en suivent rapidement les morts de Charles Blaine et de son épouse : des morts violente apportée aux victimes par une créature marécageuse avec un message : "il faut d'abord donner".
Pourtant comme le rappelait Charles lors de la soirée organisée en son honneur juste avant son trépas : il donnait. Et son père, et son grand-père avant lui donnaient aussi sans compter, c'en était devenu compulsif, maladif, et ils n'ont pourtant jamais pu recevoir ce qu'ils attendaient en retour. Alors pourquoi avoir été pris par la créature ?Une réponse que l'on cherchera avec les survivants de la famille Blaine. En effet, cet événement laissera les enfants MacKenzie et Zach orphelins et confiés à leur oncle Chase – que l'on rencontre alors qu'il est littéralement en train de détruire les murs d'un foyer – éloigné du cocon familial mais qui décidera pourtant d'emménager avec eux dans l'ancienne demeure des Blaine.
Un drame familial, des secrets enfouis dans un passé qui pourrait remonter à plusieurs générations impliquant au moins un monstre, et une vieille bâtisse d'une petite ville en guise de décor.
Si les lecteurs de comics pourraient y chercher à priori des similitudes avec Locke & Key – ouvrant la porte à une malheureuse déception potentielle – je comparerais plutôt l'approche à des œuvres comme les Insidious ou surtout The Haunting. Un hommage assumé à tout un pan d'œuvres récentes (ce n'est pas pour rien que l'on retrouve un personnage nommé Flanagan comme Mike, ou prénommé Jordan comme Peele) et qui se ressent dans ce que veulent raconter les auteurs et surtout leur manière de le faire.
Le scénario sur la base de cette recette classique est pour le moins efficace : on alterne entre des moments d'intimité, de tension humaine, et des découvertes de secrets apportant leur lot de tensions qui nous font rentrer petit à petit dans le paranormal.
Dans The Plot, le paranormal vient du marais qui entoure la maison : une boue dans laquelle on patauge avant que le monstre qui l'habite viennent nous y noyer.
Des secrets familiaux, des non-dits, le poids d'une éducation et les attentes que celle-ci formera bien le résultat escompté : une manière d'être et de transmettre que l'on tient des parents, qui le tiennent eux-mêmes des parents, qui le tiennent, etc...
Un cycle infernal qu'il faudra briser, détruire morceau par morceau puis brûler pour tenter d'en finir...en sachant qu'il cherchera constamment à se reformer.
La première étape est de se mettre face à ce cycle en sortant de son état d'enfermement sur soi. Et la meilleure manière est simplement d'ouvrir la porte...encore faut-il trouver la bonne clé ; et les seules clés dont Chase dispose ne servent pas à ouvrir des portes, elles sont rangées dans une boîte à outil à côté de marteaux ; c'est bien un marteau, c'est une autre solution face à une porte fermée, plus radicale, peut-être la meilleure voire la seule dans certains cas.
À l'histoire de Chase et des enfants vient s'ajouter une portion de flashback d'un passé assez lointain, un péché familial originel dans lequel la demeure des Blaine apparait comme un point fixe, hors du temps. On y retrouve aussi une autre famille connue, déjà très liée aux Blaine et dont les arbres généalogiques essaient aujourd'hui encore de s'entremêler comme pour corriger un ancien et très mauvais choix.
Tout cela mis ensemble constitue une intrigue bien ficelée tout au long des deux tomes qui composent la courte série, parfois un peu confuse (mais le paranormal n'a pas vocation à envoyer des messages toujours limpides), amenant à un dénouement où les différents éléments prennent tout leur sens, ainsi que la fameuse phrase "pour recevoir il faut d'abord donner" réinterprétée à la lumière des leçons tirées par son protagoniste Chase, qui avait quitté le nid à cause d'un dialogue rompu et qui pensait de cette manière échapper à la malédiction de la Famille.
Car en définitive l'important n'est pas tant de donner, encore moins de le faire savoir : l'important c'est l'altruisme sincère du Don sans l'attente du Dû avec l'acceptation de recevoir quoi qu'il arrivera, quoi qu'il en coûtera ; de s'en contenter et de construire avec, de construire dessus. En somme : ouvrir ses portes aux autres pour les accueillir dans son foyer, sans à-priori, échanger, et accepter. C'est encore plus vrai lorsque les personnes font déjà parti de la même Famille, sont originaires du même foyer ou partagent des racines communes.
Ce sera dur, il y aura forcément des moments où les monstres ressurgiront du marais, mais il faudra y faire face, encore ; redoubler d'effort pour qu'ils ne nous emportent pas...nous et nos proches avec.
La Famille c'est un tout, à la fois malédiction et bénédiction.
"Pour donner il faut recevoir", mais il ne faut pas donner pour recevoir.
L'autre cœur de l'œuvre, ce qui finit d'en faire selon moi un comics à découvrir, sont les dessins et les compositions de Joshua Hixson.
Son dessin est assez brut, minimaliste et s'apprécie surtout en plongeant dans l'histoire : il y a en réalité juste ce qu'il nous faut pour ressentir les émotions des personnages et être avec eux dans leurs environnements ; le tout sous une forme assez abstraite complétée ici par des couleurs de Jordan Boyd parfois précises et harmonieuses et parfois semblant avoir été posées (faussement) grossièrement au rouleau à peinture sur des fonds non finis donnant l'impression d'étendre, de suspendre même, le temps autour des personnages pour donner de la gravité au moment. Et sa palette retranscris très bien les différentes ambiances avec par exemple ces verts à la fois sombres et puissants dès lors qu'on entre dans le marais, ou encore les couleurs jaune/orange d'un feu mordant la chair.
Mais ce qui me fascine surtout c'est l'impression de faire face à une véritable expérimentation du dessinateur pour reproduire sur ses planches la rythmique des références cinématographiques citées plus haut. Le découpage arrive à répliquer avec brio ce que l'on pourrait expérimenter à l'écran, que ce soit une apparition fugace dans un coin d'œil, ou encore un animal ressentant seul le danger pendant que ses maîtres rêvent.
La tension est palpable et le rythme proposé, fort de belles transitions, de surimpression de cases ou encore de jeux sur les parallèles et les répétitions, nous permet de ressentir l'atmosphère pesante, poisseuse, dans laquelle baignent nos personnages conscients d'un danger sans réussir à le saisir du regard.
Conclusion :
Une série courte et sans temps mort qui, si l'on comprendra vite la finalité malgré un aspect parfois cryptique, est vraiment bien construite avec une tension allant crescendo et qui reste prenante jusqu'au bout grâce à ses dialogues qui sonnent juste et sa mise en image sous forme d'exercice de style.
Fabien.
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